La station baleinière basque de Red Bay.

station basque red bay

Classée lieu historique national du Canada en 1979, et inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2013, la station baleinière basque de Red Bay est le témoignage archéologique le plus ancien d’un ensemble technologique de l’industrie baleinière (ensemble préindustriel), qui atteste des débuts de l’exploitation commerciale des ressources naturelles en Amérique du Nord par les européens. Situé dans un port naturel de la baie du même nom, Red Bay, qui provient des falaises de granit rouge qui prévalaient dans la région. En raison de l’emplacement abrité du port, il est même devenu un lieu d’amarrage pour les navires de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, bien avant qu’on y découvre ses trésors dissimulés sous les eaux. Ce site du patrimoine mondial comprend deux îles principales, Penney et Saddle, ainsi que le littoral.

L’Histoire de Red Bay.

Redécouverte grâce aux travaux de Selma Barkham et à Robert Grenier ainsi que son équipe de plongeurs, la station de chasse à la baleine, appelée Butus (voire Gran Baya) par ses créateurs à Red Bay, voyait quelques centaines de basques dès les années 1530/1540 venir pêcher dans ces eaux de l’actuel Labrador. Certains disent que le site était connu bien avant l’arrivée de Colomb aux Amériques (les vikings, eux, avaient déjà quelques siècles d’avance), mais tenu secret pour que personne d’autre ne vienne pêcher la morue. Peu importe. Ils venaient pêcher les baleines noires et les baleines boréales de l’Atlantique Nord et du Groenland, et plus particulièrement dans le détroit de Belle Isle et la Basse-Côte-Nord du Québec.

Au moment de son exploitation, le site accueillait plus de 600 hommes et 5 navires baleiniers pour capturer les cétacés. D’ailleurs, le galion basque San Juan a coulé dans la baie en 1565 à la suite d’une tempête, on suppose que c’est ce galion que les équipes de Roberts Grenier ont découvert, et bien d’autres choses encore dans les années qui suivirent. La station permettait d’organiser la chasse côtière estivale des baleines, leur dépeçage, puis l’extraction de l’huile et son stockage pour être vendue en Europe, principalement pour l’éclairage.

Tout sur place est en effet tourné vers l’exploitation des baleines. Des fourneaux à huile (fondoirs), une tonnellerie pour en conserver la production qui ne dura que 70 ans, tout au plus. La richesse première qui avait vu naître cette colonie estivale s’était tarie, et les baleines décimées dans les eaux du détroit. Le temps s’est alors mis à l’oeuvre, pour en effacer les traces.

Un témoignage d’une grande valeur.

Son inscription signifie que le site de Red Bay est d’une valeur culturelle et universelle exceptionnelle. Selon L’UNESCO, il représente un « exemple de la tradition de la chasse à la baleine établie par les basques. C’est la station baleinière de ce type la plus étendue, la mieux conservée et la plus complète au XVIème. » On parle d’ensemble technologique regroupant tous les éléments d’un processus préindustriel marquant les débuts de l’exploitation commerciale de cette ressource que représentent les baleines dans cette région d’Amérique du Nord. Tout le site permet de comprendre les techniques de l’industrie baleinière du XVIème, mais également d’en connaître davantage sur l’histoire des premiers européens au Canada, notamment de la place qu’ont pu y jouer les basques.

Les recherches ont identifié des zones où la graisse était bouillie dans de grands chaudrons, des sites de fabrication de tonneaux et d’autres éléments du processus de fabrication de l’huile de baleine dont on a déjà parlé. Il y a les traces d’habitations, un cimetière ou encore un wharf (une jetée… moi aussi ça m’a perturbé ce mot), mais plus encore, des vestiges sous-marins comprenant des épaves de bateaux (dont une chalupa a été restaurée) et tout un ossuaire de baleines.

Le résultat des fouilles et leur compréhension

Que peut-on voir?

Le site est vaste, et les vestiges répartis entre terre et mer (313 hectares). Il n’y a pas de ruines à visiter à proprement parler, on l’entend simplement pour des impératifs de conservation qui a vu les attributs et biens matériels recouverts. Le visiteur peut s’en trouver frustré de n’avoir que le paysage à se mettre sous la dent. C’est inexact, sauf à n’y rien comprendre. Appréhender Red Bay c’est se nourrir des trois bâtiments différents comportant des expositions interprétatives. Il y a celui de Parcs Canada près de l’entrée de la ville, le centre communautaire et un centre d’interprétation situé au bord de l’eau. Ils vous seront essentiels à la compréhension du site et de son authenticité. Mais ne vous y trompez pas, sans reconstitution à grande échelle, s’imaginer l’ampleur du site reste difficile, les vestiges étant peu visibles.

N’hésitez pas à vous rendre sur l’île de Saddle, à 2 minutes et pour 2$. Là, sur la droite.

station baleinière

red bay labrador

Pour un peu d’archéologie sous-marine à Red Bay: revue La Plongée (1983).

Source: UNESCO.

Crédits photo: (1 et 3) Gary Arndt; (2) Patpou.

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6 Commentaires

  1. Baristador

    21 juillet 2019 at 02:12

    Je trouve l’endroit Très beau!

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  2. Kylian

    19 août 2019 at 10:36

    Difficile de s’imaginer qu’ici, à une certaine époque, ça fourmillait d’hommes en tous genres, avec les prémisses d’un complexe industriel.

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  3. Renée

    12 octobre 2019 at 05:56

    Visite très intéressante dans un cadre très joli. Ne pas y aller quand il fait trop froid par contre, bien que l’air marin soit vivifiant 🙂

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    • Houston MacDougal

      13 octobre 2019 at 16:28

      Avec un grand beau temps, c’est sûr que c’est plus sympa aussi 😉

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  4. Baptiste

    19 janvier 2021 at 04:38

    Même s’il n’y a pas beaucoup de choses visibles, s’imprégner du lieu, de son Histoire, et pour le paysage aussi, ce coin reculé, je crois que ça vaut la peine.

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    • Houston MacDougal

      19 janvier 2021 at 10:11

      Je crois aussi!

      Répondre

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