Sans filtre: une année universitaire à London.

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Première partie d’une belle et grande interview d’Eva. Elle nous parle de son expérience d’étudiante en Ontario. Sans filtre, notre enregistrement est retranscrit tel quel.

 

  • Quelques mots pour te présenter?

Eva, 36 ans, Maître de Conférence. Je suis partie faire une année universitaire au Canada en 2003-2004.

  • C’est très succinct comme présentation! Alors, dis-moi pourquoi tu as choisi de partir étudier au Canada? Il devait y avoir d’autres possibilités et d’autres destinations, pourquoi ce pays?

En fait, toutes mes études je les ai faites sans jamais rien réfléchir. Tout s’est fait simplement et naturellement. Donc je sais pas, j’ai choisi le Canada parce que ça me plaisait. Il y avait des trucs qui avaient l’air cool.

Donc tu t’es quand même renseigné avant?

Pas forcément, je connaissais le Canada comme tu peux connaître des pays, donc en réalité je n’ai pas pris plus de renseignements que ça.

Ok, donc tu ne t’es renseignée sur aucun pays, tu t’es juste dit: « le Canada! »

Oui, après j’avais envie de partir en Amérique du nord. J’aime l’hiver, j’avais envie d’aller voir ce que c’était de vivre l’hiver là-bas.

Oui, j’étais au programme ORA.

Donc l’Ontario, mais pourquoi pas une autre province?

Je voulais étudier dans une province anglophone pour améliorer mon anglais, donc le Québec ne faisait pas partie du projet, c’est la première chose. Ensuite, le choix de l’Ontario s’est fait justement parce qu’il existait ce programme.

Était-ce facile d’obtenir une place?

Non, le Canada est la destination la plus demandée dans les universités, en France en tout cas. Et c’est donc là où il y a le plus de sélection.

D’où l’avantage du programme ORA?

Pas nécessairement, il y a quand même énormément de candidats. Quand j’ai candidaté, on m’a clairement dit qu’il y avait très peu de places, et qu’il y avait peu de chances que j’en ai une parce qu’il y avait déjà des places prises par d’autres étudiants (ceux d’un établissement rattaché à l’université).

Du coup, comment ça s’est passé?

J’ai dû passer mon TOEFL. Je me rappelle je suis allée à Toulouse, parce que j’avais de la famille là-bas et que c’était un prétexte pour les voir. Et en fait à l’oral, qui est l’épreuve de compréhension, on m’a posé plein de questions et je n’ai rien compris! Donc ça a été catastrophique. J’ai complètement loupé mon TOEFL, et au moment où les résultats des demandes ont été publiés pour savoir si on était pris, pour partir au Canada, je ne suis pas allé les voir. Je savais que je n’aurais pas mon TOEFL, et de fait que je ne pourrais pas y aller. Au bout d’une semaine, le service des relations internationales m’a appelé pour savoir pourquoi je n’étais pas venue voir les fameux résultats. Je leur ai expliqué que j’avais planté mon TOEFL et que ça ne servait à rien, que je n’avais même pas envie de savoir. Su ce, mon interlocutrice me dit: « Mais vous êtes prise, on a adoré votre lettre de motivation, vous êtes sélectionnée! » Je lui réponds que ça ne m’intéresse pas puisque de toute façon j’ai planté le test d’anglais. Elle insiste pour que je fasse quand même les démarches, je l’écoute, je les fais. Et il se trouve qu’ils ont perdu mes résultats de TOEFL.

Je vois comme une escroquerie qui se profile…

Ils les ont perdus alors j’ai gueulé parce qu’ils voulaient me le faire repasser! J’ai dit qu’il était hors de question que je repasse un examen que j’avais surement réussi et que c’était de leur responsabilité. Du coup il me l’ont donné.

Alors que tu l’avais planté.

Alors que je pense que je l’avais planté.

Donc c’est sur dossier, tu obtiens ta place…

Oui, il y avait 5 places à l’époque pour le programme ORA pour mon université.

Ensuite vous êtes dispatchés entre les universités? Il y en a beaucoup, comment atterris-tu à London?

Tu fais 3 vœux, je ne me souviens plus l’ordre que j’avais mis. Il y avait Toronto et London c’est sûr. Ce qui me plaisait pour London, c’est qu’on était sur le gros campus et qu’on n’était pas perdu au milieu d’une ville. J’aimais bien le fait que ça soit une petite ville justement.

  • Étudier en France et en Ontario: quelles sont les différences?

On est sur un fonctionnement là-bas complètement différent. On est sur des programmes, des parcours d’étudiants qui sont uniques et complètement individualisés. L’étudiant dispose d’un catalogue et il doit sélectionner les cours qu’il veut suivre, et pour être diplômé dans une discipline, il faut qu’il ait une majorité, une major d’enseignement dans cette discipline.

Ce qui change fondamentalement c’est le campus. On est sur de gros campus, à London en tout cas, où il y a énormément de choses sur place: des pubs, un salon d’UV, des librairies, une boîte de nuit. Tu vis sur le campus. Même si je n’y dormais pas, tu y passes ta vie et ça, ça change fondamentalement ton expérience d’étudiant.

Et les cours à proprement parler? Comment ça se passe?

Un peu comme en France. Tu as des TD où on est peu nombreux, et des cours à plus grand effectif. Par contre on est loin des amphis de 200. Sinon les mentalités sont différentes, mais pas en terme de dispositif de cours. Sinon, la première fois que tu vas en cours, c’est en septembre il ne fait pas encore très froid, tu te rends compte que tous les étudiants écrivent au crayon à papier et tu ne comprends pas trop puisque personne ne fait ça en France. Mais dès qu’il y a les premières vraies baisses de température et que ton stylo à bille gèle sur le chemin de chez toi à la fac, et que tu mets 10 minutes à le réchauffer pour qu’il écrive… tu comprends pourquoi ils écrivent tous au crayon à papier.

  • Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaiteraient étudier au Canada dans une province anglophone comme l’Ontario?

Première chose, ne pas vivre dans une cité universitaire, parce que c’est comme ça que tu te retrouves entre étudiants étrangers uniquement. Nous c’était le cas, il y avait une résidence réservée aux étudiants étrangers et t’es pas forcément mêle aux autres, aux canadiens. Et puis aussi parce que tu passes déjà énormément de ton temps sur le campus, et qu’en sortir ça fait aussi du bien. J’ai des potes qui passaient la semaine sans en sortir : tu sors dans le campus, tu manges dans le campus, tu dors dans le campus, c’est trop.

Après, un conseil pour lequel je suis passée à côté lorsque je suis partie, c’est prévoir de l’argent de rentrée: tu dois acheter tous tes ouvrages et manuels scolaires, or ils coûtent cher, même d’occasion. Je me souviens j’avais payé plus de 600$ pour mes bouquins de l’année. Ce budget-là tu ne prévois pas forcément dans ton installation.

Ensuite c’est bien quand tu arrives de jouer le jeu des relations internationales. Ils prévoient pas mal de petits évènements pour les étudiants étrangers, ça aide à leur intégration et c’est un truc assez sympa à faire même si tu ne rencontres pas forcément d’étudiants canadiens. Tu as la découverte du campus entre autres moments plutôt cool.

Il y a aussi à la rentrée toutes les présentations des associations d’étudiants. Il ne faut pas hésiter à aller essayer des trucs, parler avec les gens. Je me suis retrouvée à faire la session d’essai pour l’équipe de curling. Je ne savais pas ce que c’était, ça fait partie des expériences fun.

Dernière chose, au moment où on prépare son dossier pour le Canada ou pour toute autre destination, tu es censé te faire un programme de cours. Ceux-ci doivent être en cohérence avec le diplôme que tu vas avoir en France, et en même temps c’est le moment ou jamais de se lâcher, et de choisir des cours cool. J’en ai choisi certains que je n’aurai jamais pu faire dans ma formation initiale, comme l’histoire du féminisme, et un autre sur  la politique marxiste. Il faut donc en profiter, le catalogue de cours est énorme et il faut un peu sortir des sentiers battus, tout en faisant valider ses choix par son responsable de formation en France.

Place à mon côté prof désormais. Ce que les étudiants doivent comprendre quand ils partent à l’étranger, c’est qu’on attend moins qu’ils réussissent à obtenir de bonnes notes, que l’expérience et la maturité qu’ils vont tirer de ce voyage à l’étranger. Donc généralement pour les notes, une fois traduites, il y a une tolérance et on les gonfle un peu, puisqu’on considère que ce qui est important c’est la découverte d’un autre pays, une autre culture, une autre langue et finalement ce que ça t’a apporté personnellement. C’est donc l’ensemble du voyage qui prime sur le cours.

  • Florilège de questions, on commence par: tu logeais où?

Le logeais dans une maison dans un quartier résidentiel, c’était une colocation avec 3 canadiens. 2 étaient étudiants et l’autre travaillait. Je prenais le bus et j’étais à l’université en 10 minutes, donc je vivais hors du campus.

Et tu l’as trouvé comment ce logement?

Un site internet de coloc, mais je serai incapable de te dire lequel. Et puis, sur une ville universitaire comme London tu trouves assez facilement de colocations. Des potes sont arrivés sans rien et ont trouvé rapidement. L’avantage pour moi, c’est que je vivais avec des canadiens avec qui ça se passait très bien, et hors du campus.

Tu as bénéficié d’une bourse pour partir?

Oui, celle du programme ORA. Je ne me rappelle plus du montant, mais ça m’a permis de payer un mois de loyer avec la nourriture.

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7 Commentaires

  1. Marie

    17 février 2018 at 11:00

    L’interview est très sympa, rafraîchissante, avec de très bon conseils. Merci 😉

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    • Lilou

      3 mars 2018 at 13:56

      Oui, j’ai adoré le coup du crayon à papier!

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      • Juliette

        14 août 2018 at 00:47

        Intéressant avec plein d’astuces c’est bien

        Répondre

  2. Sheila

    9 avril 2019 at 06:27

    On apprend plein de choses c’est génial !

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    • jeannette

      18 juin 2020 at 05:36

      Oui, et ça me tente bien ce programme moi du coup!

      Répondre

  3. Lara

    21 juin 2019 at 14:18

    Belle entrevue 🙂

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  4. Justine

    8 août 2019 at 11:38

    Charmante interview, pleine d’info

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