Préparation au passage frontière.

frontière

Plus qu’une formalité, son admission sur le territoire canadien peut relever d’un véritable examen de passage. Il vous faudra, au préalable, avoir obtenu votre AVE. Les conditions et critères d’obtention de chaque permis sont rudes, les démarches fastidieuses. Il faut être conscient d’une chose, venir dans ce pays n’est pas un droit, c’est un privilège. Cette idée se traduit directement sur le terrain puisque les agents à la frontière ont tous pouvoirs. Ils représentent le dernier rempart, et à ce titre décideront si, oui ou non, vous êtes autorisé à entrer, ou devez repartir avec en main vos papiers d’acceptation conditionnelle pourtant valables. Le conditionnel, c’est justement leur appréciation, il s’agit donc de se mettre dans de bonnes conditions. Mais pas de panique, nous sommes là pour ça.

Changement de statut / Validation de permis de travail

La plupart d’entre vous se retrouvant dans cette situation effectueront un tour du poteau. Si ce n’est pas le cas, votre approche sera rigoureusement la même: soyez détendus.  Vous aurez alors affaire à la sempiternelle question: « Que venez-vous faire au Canada? » Répondez-y, mais ne répondez qu’à cette question. Souvent, la peur de l’uniforme, de l’autorité peu importe, fait qu’on balbutie et qu’on se met à raconter sa vie. Dit comme ça, cela prête à sourire et pourtant c’est la réalité. Moins vous en dites, mieux c’est, et tout ce que vous dites n’est que la stricte vérité. Ne donnez pas à l’agent l’envie de creuser, ne prenez pas le risque de vous confondre dans des déclarations contradictoires, bref, dans de fausses déclarations. Celles-ci valent un retour en mode express et sans escale, et même si c’est à l’autre bout de la planète, on n’a pas de gêne avec ça.

Peu de chances que vous passiez à l’interrogatoire dès lors où vous êtes clairs dans vos réponses. De manière quasi systématique, lorsque vous venez valider un permis de travail, on vous demandera d’inscrire sur un papier vos noms et prénoms, votre adresse au Canada ainsi que votre numéro de téléphone. Ces renseignements vont être vérifiés, bien entendu.

Attention mesdames si vous êtes mariées, lorsque vous vous présenterez, veillez à décliner le nom qui figure sur votre passeport puisque ce dernier sera entre les mains de l’agent à la frontière. S’il est inscrit Zézette ép. X, voilà ce qu’il faut répondre, pas seulement Zézette. Pourquoi? Parce que dans le cas contraire c’est là encore une fausse déclaration.

Lorsqu’on vous demandera « Où êtes-vous résident permanent? », ou « Quelle est votre adresse de résidence permanente? » vous répondrez votre pays d’origine ou votre adresse personnelle en Europe (ou de tout autre région du monde dont vous venez), mais surtout pas votre adresse d’habitation au Canada, car vous n’êtes pas (pas encore) résident permanent de ce pays!

Pour le reste, on vous demandera simplement d’aller vous assoir en attendant qu’on vous fasse vos papiers. On a déjà vu un AMT (Avis sur le Marché du Travail) de 12 mois se transformer en permis de travail de 24 mois parce que « C’était pas suffisant pour que la Compagnie se lance correctement, ils auront bien besoin de vous vous pendant 2 ans! Non? ». Euh… si, oui, merci! Comme quoi, les petits miracles se produisent aussi dans les postes-frontières canadiens.

Les bénéficiaires du Programme EIC

Il n’y a rien de bien compliqué, et vous n’aurez probablement pas d’explication à fournir, où alors si peu. Vous venez simplement obtenir votre permis de travail temporaire, seules les pièces justificatives concernant la validation de vos papiers vous seront demandées. À votre descente d’avion cela peut prendre un peu de temps, il suffit de patienter. On a déjà vu un PJP de 24 mois (au lieu de 18, avant la réforme) reçu à un poste-frontière où l’on n’avait visiblement pas l’habitude d’en délivrer…

Les touristes

A partir du moment où vous présentez bien et que vous avez un billet d’avion retour, hormis les questions usuelles vous ne craignez rien. Parmi elles, pèle mêle: pourquoi venez-vous au Canada; qu’allez-vous faire; combien de temps restez-vous; où allez-vous loger; quel est votre emploi en France (ou ailleurs) etc… Une petite fouille de bagages éventuellement: les douanes surveillent, c’est un peu la loterie (valable pour n’importe qui et peu importe la situation), et vous voilà avec le tampon qui va bien.

Si vous n’avez pas de billet retour, vous devrez vous montrer convaincant et rassurer l’agent sur le fait que vous comptez bien rentrer chez vous à l’issue de votre séjour (6 mois maximum). Pour cela, une attestation de fonds se révèlera plus que nécessaire: oui, vous avez les moyens de vivre au Canada pendant x mois sans autres revenus que vos ressources propres et vos économies.

On évite

  • Le poste frontière de Lacolle: les agents y font leur travail, mais comme c’est un point d’entrée important (notamment pour les réfugiés politiques), ils sont plus tatillons, limite parfois zélés.
  • D’avoir l’air d’un roots, ou de toute autre tribu facilement identifiable par un style vestimentaire, ou le non-style, ou si votre look implique des poils au menton laissés libres comme le vent et un chapeau de quelques années déjà: là, on touche au délit de sale gueule. Pour rester dans le politiquement correct, nous dirons qu’il faut éviter de mal présenter. Notion toute à fait obscur, l’antithèse du présenter bien ou le diktat du bon goût c’est-à-dire la norme d’aujourd’hui. Vous devez être monsieur tout le monde. Toi le punk, toi le gothique, toi qui a de longues et belles dreads pour y planquer des barrettes de shit, il est fort à parier qu’on te pose un peu plus de questions qu’aux autres. Il faut donc jouer sur l’apparence, la soigner. Ai-je aussi dit qu’il fallait se renier? Non, mais j’aurais pu.
  • De répondre à côté des questions: nul besoin de raconter la genèse de votre troisième prénom, hommage à votre arrière grand-oncle mort aux champs d’honneur. Tout le monde s’en fout, faites-en autant. Les questions qu’on vous pose ne sont pas l’énoncé d’un devoir: introduction, développement en deux parties, deux sous-parties. Non.
  • Toute forme de panique: trembler, balbutier, transpirer anormalement, être inexact ou imprécis vous rend coupables. De quoi? Probablement de rien, mais coupables quand même. C’est la porte ouverte à un interrogatoire plus poussé, et aux fausses déclarations souvent commises par maladresse. Un peu trop de nervosité et les gardes-frontières pourraient demander l’accès à votre téléphone portable et regarder vos courriels, afin de voir avec qui vous avez été en contact. Ils pourraient également fouiller dans vos choses personnelles et regarder toute documentation que vous avez en votre possession. Et s’ils le font, c’est qu’ils ont tous les droits.

NB: Ce n’est pas parce que l’usage du cannabis est autorisé au Canada qu’on peut faire ce que l’on veut, notamment passer la frontière avec quelques grammes. Lire: Le cannabis au Canada, comment ça se passe?

Vérifications

Avant de quitter le poste-frontière, donc lorsque vous êtes encore dans les locaux, prenez soin de vérifier toutes les informations figurant sur votre tout nouveau permis. Une erreur de frappe sur votre nom, vous avez là l’occasion de la faire corriger. Idem, si votre code CNP est incorrect faites-le modifier sinon vous ne pourrez pas travailler dans le métier pour lequel vous avez effectué vos démarches. On a vu un PVT (permis de travail ouvert sur tout le territoire canadien) délivré pour travailler uniquement sur l’île de Montréal… plutôt gênant quand on a trouvé un super taff à Laval.

Si vous constatez une erreur quelque temps plus tard, faire régulariser vos documents prend du temps, et de l’énergie.

Crédits photo: Stéphane Dubromel.

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11 Commentaires

  1. Logg

    30 décembre 2013 at 20:53

    Une chose est certaine, ces remarques (hormis les précisions quant au type de permis) sont clairement valable pour beaucoup de pays dès que l’on sort de la case UE. Ainsi, le fameux tour du poteau est aussi une réalité pour qui est désireux de s’installer en Suisse par exemple, etc…

    En tout cas, très constructif comme article, surtout que je confirme : l’agent des douanes a clairement un effet sur le jeune (ou vieux) travailleur ne désirant qu’un sésame pour continuer à vivre sa vie dans le pays convoité. Effet alternant entre le « aie aie aie, mais que me veut ce zelé douanier », « nan mais pas de panique, je sais que je suis en règle, euh… oui je suis en… euh, je viens pour quoi déjà? » et le tremblement du type, j’ai super froid alors que le bureau des douanes est surchauffé.
    Bref, tout un tas de symptômes totalement inconnu en règle générale quant on arrive en touriste bedonnant (bien qu’un début des symptômes susvisés commencent à se manifester quant un de ces sympathiques agents demande à ce que vous ouvriez votre bagage… et ce, même si vous n’avez rien à vous reprocher).

    Petit conseil pour compléter, avant de finir votre tour du poteau, souffler un grand coup et relaxez vous : comme l’a dit Houston, ils sont (sur)puissant certes mais carré donc si vous êtes en règle, ça se passe dans l’immense majorité des cas très bien.

    Bonne journée et bon réveillon si jamais 🙂

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  2. Cyril Dubois

    8 janvier 2014 at 13:54

    Aussi, tous les agents à la frontière ont l’obligation d’être bilingues. Sauf que pour certains, trop nombreux selon moi, parler français relève de l’exploit, du coup, c’est plus facile d’obtenir une rallonge en se montrant sympa ou de rentrer en retard ( dans les points où ils ne sont pas habitués de traiter les demandes) on joue sur l’incompréhension, ou la compréhension selon de quel point de vue on se place.

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  3. Michel.F

    29 janvier 2014 at 15:33

    Très pertinent, merci pour ces conseils avisés.

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  4. Francine

    19 avril 2014 at 03:00

    Une bonne piqûre de rappel, on oublie trop vite qu’avoir le droit d’entrer dans un pays n’est pas un acquis. Très bon billet Mr MacDougal.

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  5. Nicolas

    2 avril 2015 at 01:27

    Bien vu!

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  6. Aymeric

    8 décembre 2015 at 07:00

    Ils sont tatillons à Lacolle, même quand tu reviens des us avec un permis valide mais encore seulement pour quelques semaines. J’ai eu droit au speech « faudra partir, hein? Faudra pas rester c’est illégal » et « si vous voulez rester faut changer de permis etc.. » Ce qui en soi est plutôt prévenant, mais quand on y met le mauvais ton on a l’impression de se faire prendre à la gorge! Mais bon, leur taf n’est pas facile et beaucoup de gens resquillent et entrent illégalement, je comprends leur tension.

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  7. Djobidjoba

    2 août 2017 at 12:41

    C’est sûr que ça vaut un peu partout sauf dans l’espace Schengen quand on est européen. Je veux bien croire cependant que ça soit bien plus compliqué pour les US surtout avec le taré qu’ils ont élu.

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  8. Jhon

    30 décembre 2017 at 23:08

    En Thaïlande aucune question, rien! Easy 🙂

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    • Philippe

      20 octobre 2018 at 10:51

      Ils sont trop chauds au Canada, c’est même chiant

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      • Buddy Holllllly

        26 mai 2019 at 09:09

        Idem usa ils se prennent trop pas pour de la merde

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        • Houston MacDougal

          27 mai 2019 at 07:39

          C’est rarement un bon moment le passage en douane américaine…

          Répondre

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